Que sont-ils devenus ?

HOUSSEIN voulait faire des études

(actualisé le ) par Webmestre 2 de RESF78

La santé, c’est important. Quand quelqu’un est malade au pays, s’il n’a pas d’argent, on ne le soigne pas. Ici, ce n’est pas pareil du tout ; ça n’a rien à voir.

Je viens du Cameroun. Quand j’avais 12-13 ans, il a fallu que je quitte l’école pour aider ma maman. Elle vendait des fruits et des légumes sur le marché ; il fallait que je l’aide. Mais moi, je voulais faire des études. Alors j’ai décidé de quitter le pays.

Ma première idée, ce n’était pas d’aller en France, mais en Algérie ou au Maroc. À ce moment-là, je n’avais pas conscience de comment ça allait se passer. Je n’ai pas tout calculé. Je suis parti au Nigeria, puis au Niger et en Algérie. Les pays du Maghreb, quand tu arrives, ce n’est pas facile. J’ai cherché un endroit où ce serait moins difficile. Je suis parti au Maroc, dans l’enclave de Ceuta.
Là, j’ai été arrêté par la Gardia Civile qui m’a appris que j’étais en Espagne et m’a mis dans un Camp de réfugiés. J’ai appris l’espagnol et j’ai commencé à m’intégrer. Mais je voulais apprendre d’autres choses et aller dans une école. Mais il manquait toujours un papier. Alors j’ai décidé de suivre ceux qui partaient pour la France.

Le juge m’a confié à l’ASE (aide sociale à l’enfance) qui m’a mis dans un hôtel.
Je n’avais rien à faire. Rien du tout. On m’a dit que je n’avais pas droit à l’école parce que j’avais 16 ans. Alors j’ai cherché tout seul. Il fallait d’abord que je passe un test. Le premier jour, je suis arrivé à 10 heures. À 11 heures, ils ont annoncé qu’ils ne prenaient plus personne. Le lendemain, je suis arrivé à 6 heures. Pareil. Alors encore le lendemain, à 5 heures.

Après, ils ont envoyé mon dossier dans un lycée professionnel à Paris pour une formation de plombier. Ce n’est pas ce que je voulais faire – je voulais être mécanicien – mais c’est dans ce métier que j’ai trouvé le premier patron pour mon apprentissage. C’était important, parce que je savais que, à 18 ans, il faudrait que je sorte du système de l’ASE.

Avec RESF, j’ai fait toutes les démarches pour ma carte de séjour. Quand j’étais encore à l’hôtel, l’assistante sociale m’avait envoyé à la Croix Rouge pour qu’on me donne des vêtements. J’étais tout seul et là j’ai vu beaucoup de monde. Alors je me suis dit : « Pourquoi pas ? » et j’ai commencé à être bénévole.

L’année dernière, j’ai eu mon diplôme d’installateur sanitaire. Alors j’ai continué une année de spécialisation, comme chauffagiste. Je passe ce diplôme cette année. Je vais chercher du travail. Mais en fait, j’aurais envie de continuer ma formation, en climatisation cette fois.

Le futur ? Je ne sais pas ce qui va se passer demain. Moi j’aurais voulu continuer des études. Vous savez, je tiens beaucoup à ma famille, là-bas au pays. Ici, j’ai fait mes études et je connais des gens qui sont super. Ma vie, je ne sais pas où elle est.